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Hyères est une ville qui curieusement m’a appelée trois fois pour vivre en ses murs et qui ne m’a jamais déçue.
Hyères, pastel doux
voir aussi « De trois gestes est né un monde »
Première période
L’échappée
Juste un petit sac à dos
empli d’amour et d’espoir,
elle est partie de sa ville
pour la conquête de sa vie.
Elle laissait derrière elle
les murs gris de la Centrale*
qui dans son enfance
toujours bornait ses rêves.
de la course folle
de son cheval noir
dans la garrigue,
la force de l’animal,
sa simple joie à filer
sur les chemins pierreux
lui donnait le goût de la fuite.
Et voilà, ce matin là,
s’ouvre sur le spectacle marin.
Le Mistral fait ici
danser les crêtes blanches,
sauter au ciel l’écume.
Sous les pieds la roche tremble
et il semble que là,
est la puissance du monde.
Les îles sont une promesse
de voyages et d’aventure.
Alors, elle respire le sel
et tout son corps lui dit:
Vit! Vite!
*Il s’agit de la Centrale de Nîmes, voir l’article sur Nîmes et le poème : »La Reine des neiges ».
Porquerolles, aquarelle
Temps d’arrêt
Le petit Vaurien dodeline sous les étoiles,
la mer lèche doucement les galets.
Epaule contre épaule
ils regardent les éclats de lune
rouler sur la soie noire.
Là-bas, sur les îles allongées,
telles des lucioles posées
les âmes des maisons
signent à peine la vie.
Le temps ne coure plus
et l’illusion du toujours
porte l’instant de paix.
La patience de la barque
La petite barque à robe bleue
attend dolente le long du quai.
Je sais ce qu’elle attend, si sage.
Je la vois tous les jours,
l’étrave tournée au pont levant.
Je voudrais par une nuit douce
coucher son mât et son antenne,
la libérer de ses entraves
et la glisser sous le pont.
Port Pothuau, pastel doux
A la godille, nous remonterions
le canal des Salins sous les palmiers
caressant la rondeur de la lune.
Puis redressant ses espars,
je l’aiderais à offrir son aile
blanche à la brise de terre.
Alors, elle et moi, nous irions
heureuses sur l’encre des bassins.
A peine le chuchotement
de la moire froissée par l’étrave
et des cigales, au loin, sur les collines,
tenues éveillées par la chaleur.
Les Salins , presqu’île de Giens
pastel doux
Sans les déranger, nous côtoierions,
les flamants dormant sur une patte
et tête cachée sous l’aile rose,
les petites poules d’eau blotties
sous les herbes bordant les marais,
puis passerions tout le long
du champ d’aigrettes qui le jour venu
cueillent les vers des terres retournées.
J’aurais plaisir le lendemain
voyant la petite barque à robe bleue
attendre dolente le long du quai,
à lui faire un clin d’oeil, souvenir
de notre escapade complice.
Port Pothuau et l’île de Porquerolles
aquarelle
Deuxième période
Je ne sais pas ce qu’est devenue la petite barque à voile latine, mais le « Vaurien » a traversé la France et découvert le golfe du Morbihan.
Plus tard nous l’avons cédé contre le franc symbolique à un jeune menuisier de marine qui lui a refait une beauté. Gageons qu’ils ont vécu heureux à travers les courants de marées.
Je suis passée cette année à Conleau et Arradon, j’ai vu que ce type de bateau était toujours apprécié et émue, je me suis demandé si le mien n’était pas là, au mouillage…
Quant à moi, c’est après bien des voyages sur un splendide ketch (mais nous en parlerons plus tard) que je suis revenue vivre à Hyères avec mon compagnon et un superbe enfant de quatre ans.
La ville était encore plus fleurie et les îles toujours aussi belles.
Je vous invite à une promenade dans la ville…
La petite voiture
Le grand ginkgo domine le miroir
de la place de marbre.
Arbre à musique géant,
ses écus d’or sonnent aux vents.
Les petits chevaux du manège
font claquer leurs sabots d’acier.
C’est un paisible mercredi.
L’automne fait voguer ses feuilles
sur le clapot du bassin.
Place Clémenceau
(place de la Rade),
pastel doux
Les cris des enfants se perdent
dans les jardins ou ricochent
sur les murs ocres et roses.
Les hôtels « Hausmaniens »,
les yeux grands ouverts
rêvent de régates sur la rade.
Mais, je n’ai d’yeux que pour lui,
l’enfant blond, attentif
qui contre toute raison
fait rouler sa petite auto
sur le bord du bassin.
Place Clémenceau,
pastel doux
Tu vas apprendre dans les larmes
que maman n’a pas toujours tort.
Après avoir repêché, honteux
ta pauvre petite voiture morte,
tu mettras ta main dans la mienne
et malgré la leçon reçue
nous rentrerons à la maison,
heureux, de la simple
tendresse qui nous lie.
Place Clémenceau,
aquarelle
L’Excelsior
Asseyez-vous le matin
à la terrasse de l’Excelsior.
Tous les jours c’est un spectacle!
L’été, le soleil y déboule
de dessus les tuiles romaines.
Le patron bienveillant
vous offre son auvent.
Des compagnons à la Pagnol
y sirotent le café.
Le café Excelsior, place de la rade
pastel doux
Chemise blanche, noeud papillon,
canotier, voici Panisse.
Chemise couleurs de Provence,
cordon noir noué au cou,
la Camargue n’est pas loin.
Et puis le peintre,
assis bas devant son chevalet
cheveux gris au vent,
l’artiste vaut bien le portrait.
Il s’agit du peintre Mathé
Le samedi, c’est le marché
et ses toiles d’Arlequin.
Le manège tourne
sa ritournelle d’enfants.
Fruits, légumes, vêtements
et ribambelle de drapeaux,
lumières et parfums
sautent de la corne d’abondance.
Le marché, place Clémenceau
Aquarelle
Peinture au vent
La poussière danse au soleil.
La lumière avale les murs
de la vieille ville.
Les collines turquoises
ouvrent la rue.
Surprise, je baisse les yeux.
Fruits et légumes
éclatent leurs couleurs.
Mon regard se perd
sous les auvents:
bleu de Prusse,
terre d’ombre brulée.
Touche finale,
les pavés d’argent.
Aujourd’hui Mistral
joue les contrastes.
Rue Massillon,
pastel doux
Passe, passe,
Passe la porte,
passe la porte.
Côté ombre,
côté lumière.
Place de marbre,
petites ruelles.
Passe la porte,
passe la porte.
Espace ouvert,
coins secrets.
Arbres au ciel,
fleurs discrètes.
Passe la porte,
passe la porte.
Victoria et
sa calèche,
templiers et
étendards.
Passe la porte,
passe la porte.
Côté ombre,
côté lumière.
porte Massillon, pastel doux
Eloge de la pagaille
Sous l’oeil tendre des collines
et le regard sévère du château
les vieilles maisons courent
en désordre vers la rade.
Elles n’hésitent pas
à se marcher sur les pieds:
terrasses jetées vers les murs,
jardins cachés dans des enclos,
arcades sautant sur des ruelles
qui hésitent entre droite et gauche
mais lorgnent toutes la mer.
La ville cahote sur ses pavés.
Tel un nombril s’ouvre la place
au milieu de tout ce chahut.
Place Massillon, aquarelle
voudrait remettre de l’ordre
dominant le plan
du haut de son autorité.
Mais les humains têtus
ont semé au hasard
petits et grands parasols,
abris modestes contre le soleil,
qui tous les matins
changent de jeu de couleurs.
Tour des Templiers, aquarelle
Tables et chaises de bistrot
ajoutent la pagaille
Les drapeaux sang et or
volent à travers la place.
Point final à ce méli-mélo
les passants enrichissent
le décor: à tous les accents
du soleil en répondent
d’autres exotiques.
Mais tous peuvent prendre
le temps de goûter,
bercés par la brise marine,
le plaisir de bader
devant toute cette diversité
en sirotant un bon café.
« Au bon coin », place des Templiers,
pastel doux
Jeux d’automne
Dans ce matin doré,
les grands cyprés bleu
jouent aux sentinelles
près des remparts.
Les maisons aux volets clos
font cache-cache dans les chênes.
Les feuillus en livrées jaunes
jouent au saute- rocher.
Arrive le vent, sale gamin
qui bouscule tout
dans un grand éclat de rire.
la colline du château, vue du vieux chemin de Toulon
automne le matin, printemps le soir, au premier plan quelques serres
témoins d’un temps où l’horticulture était une richesse de la ville.
aquarelles.
Le château, aquarelle
Regarde
Regarde, mon enfant, le jour qui vient
poser sur la fleur l’espoir de la journée.
La brise sera caresse.
Les vieilles pierres soulagées de la chaleur
brilleront, argent, sous le soleil.
Sous l’arcade, posons-nous.
Les hommes sont bien petits au bas de la colline
et leur destin précaire.
Puisque tu es là, il te faut grandir.
Prends en toi la beauté du monde.
Garde là comme un précieux trésor.
Dans les jours de peine rappelle-toi la douceur
du jour qui vient poser sur la fleur
l’espoir de la journée.
Castel Sainte Claire, aquarelle
vieille ville, pastel doux
Dentelles d’automne
L’automne pose un voile de mariée sur la ville
et cache ses amours sous des dentelles bleutées.
D’étranges couleurs courent sur les toits
de la vieille citée et chutent en pluie
dans les ruelles désertées.
La vie murmure sous les portes:
« Bientôt l’hiver…Bientôt l’hiver… »
Solitaire, le balayeur ramasse à la pelle
les feuilles mortes de son coeur désolé.
Collégiale Saint Paul, aquarelle
Des pierres et de la vie
Combien de fois le pas de nos anciens
a résonné sur ces pierres pour les creuser ainsi?
Enfants, ils couraient sur les pavés
quand la cloche de l’école sonnait leur liberté.
Adolescent, l’apprenti déjà marqué par le labeur
attendait sous le porche l’élue de son coeur.
Le cortège du mariage, les plus beaux atours
volant au Mistral glissait une danse
dans ces rues tortueuses.
Et puis…et puis…
La vie s’usait jour après jour sur ces pierres dures.
Travail, enfants…
Au soir de leur vie besogneuse,
de ces vieux, de ses vieilles,
seuls ceux qui avaient su aimer
savait trouver la paix, assis le dos
au mur encore chaud du soleil,
à contempler leurs enfants élargir
sous les remparts les champs
pour les nouvelles générations.
Notre vie a-t-elle tant changé?
Technologie, consommation.
Seuls ceux qui auront su aimer
trouveront la paix au soir
où le soleil nous dit adieu.
Au jour le jour
Je bois la vie au bout de mon pinceau
et j’étale ses couleurs sur la page de ma journée.
Aujourd’hui sera du bleu de mon rêve.
Dans l’immensité je suis le petit grain
têtu qui défie l’univers, aujourd’hui,
maintenant, l’instant est infini.
Aujourd’hui tout est rouge.
Je suis perdue sous les étoiles.
Je perds mon souffle
à courir sur l’arc du temps.
Aujourd’hui toutes couleurs!
Je suis bien dans la maison des hommes
la place vibre de leurs auras.
Leur énergie est la mienne
et les couleurs de leurs vies
chantent sur la page de ma journée.
Le Portalet, aquarelle
avec le peintre hyérois, Mathé.
Même si nous aimons très fort la vie, elle, sait nous jouer des tours terribles.
Les paysages les plus beaux, se rient alors cruellement de nos peines ou bien semblent
se mettre au diapason et leur beauté parait nous entourer
d’une ouate pour amortir les chocs trop grands et diminuer un peu notre sensibilité.
La flaque d’eau
Nous allons, tout deux, main dans la main,
dans ce paysage déserté.
Muets, nous sommes muets, comment parler
de l’indicible, comment oser seulement nommer
cette chose indomptable, impitoyable.
Serrer un peu plus fort la main de l’autre
est reconnaître que la chose existe et
lui donner encore plus de force
sur nos êtres, nos pensées.
Pourtant, nous savons que nos esprits,
frappés par sa venue, ne sont occupés
que par sa malignité.
Auras-tu la force, de l’admettre,
pourras-tu sans colère, aider notre amour
à vivre au jour le jour ce qu’il nous reste.
La mort est au bout pour toi, la solitude pour moi.
Mais aurons- nous encore le pouvoir de vaincre
de temps en temps le chagrin, la douleur, la peur…
Assis sur ce banc offert aux vents, à la pluie,
serrés l’un contre l’autre je ne peux que regarder
nos reflets qui dans la flaque mouvante
ne sont faits que d’éclats agités
qui s’éloignent, se rapprochent,
s’effleurent à peine mais jamais
ne refont de nous deux êtres complets
dans leur amour.
2 pastels doux, à l’Ayguade
Aquarelle, vue sur Porquerolles à partir de l’Aiguade
Le mur
Oh! Capitaine, tu as chargé ton voilier blanc de tous tes rêves.
Au delà de la vague, il y a une île; au delà de l’île, il y a la vague.
Nous restons sur le sable et toi tu files vers ton destin.
Tu dois être à l’étrave le regard loin de nous.
Nos trois goélands bleus t’accompagnent.
Mais déjà un mur gris gagne sur la mer.
Ile, voilier, frappés par les rayons noirs
partent en éclats sombres.
Impuissants nous sommes…
Le rideau est tiré!
Mon compagnon est décédé le 20 avril 2002, les 3 goélands étaient peints à l’étrave du navire et symbolisaient notre couple et notre fils.
Troisième période
Revivre
aquarelle, 3 des petits enfants de la famille
devant les serres à la maison
La clef d’argent
Ces enfants là,
m’ont apporté une clef d’argent
sur un coussin d’azur.
Cette clef m’a ouvert le coeur
et repoussé mes peurs.
Désormais à la table de fête
nous sommes onze au lieu de deux.
Quand je vois autour de la nappe blanche
ces visages ouverts et rieurs,
je sais mesurer ma chance.
En m’unissant à l’homme de mon avenir
avec les siens, j’ai fait alliance.
J’habite une nouvelle terre
où les cris à la vie de ses petits enfants
résonnent contre des palais de verre.
Hyères PLM
Hyères PLM,
cette affiche, je l’aime;
Dans le triste hiver gris,
enfermée par la pluie,
je plonge mon regard
dans son ciel bleu.
Je songe à ces gens heureux:
Les mains dans les poches,
jambes écartées, Monsieur.
La raquette sous les bras,
légérement déhanchée, Madame.
Les palmiers magnifiques
et cette terre rouge magique.
Je plonge, je plonge dans ce paysage.
jardin Olbius Riquier.
Cette maman et son enfant sage
si petits aux pieds des géants.
De cette époque, nous les héritiers,
tirons notre sensibilité.
Cette terre, pareille à nulle autre,
l’Afrique à notre porte.
jardins Olbius Riquier, aquarelle
Vrai jardin d’Eden,
douceur de vivre
chasse la peine
et nous enivre!
Hyères PLM,
cette affiche, je l’aime.
L’homme des fleurs
Il marche dans l’allée des Washingtonia
et s’arrête au pied d’un de ces géants.
Voici d’abord à nu les vaisseaux de vie
entremêlés en un curieux labyrinthe.
Plus haut, ils sont cachés par une carapace
d’écailles rouge serrées.
Elles mêmes finissent couvertes
par une barbe grise épaisse,
bouffante et ruisselante.
Enfin, appuyées au bleu du ciel,
les palmes, comme un pompon vert.
Comment ne pas être émerveillé!
Jardins Olbius Riquier,
aquarelle
A genoux sur la chaleur de la terre
il caresse le rouge rince-bouteille
et sa main glisse vers le sol.
Il arrache les mauvaises herbes
avec application, suspend son geste…
Le tendre myosotis au doux bleu
offre son cœur au regard aimant.
Comment ne pas être émerveillé!
Le jardinier avec regret arrache
ce petit être non invité au jardin.
Jardins Olbius Riquier, la fête des plantes,
aquarelle
Jardins Olbius Riquier, l’étang,pastel doux